L'heure est à la lutte contre l'austérité!
S'attarder sur les peaux de bananes que nous balancent régulièrement certains journalistes est parfois contre-productif en ce que les polémiques que cela suscite nous éloignent assez souvent de l'objet principal de la bataille.
Pourtant quand l'enfumage se substitue à l'information du lectorat comme nous allons le voir ici, il est sain de le relever et de le dénoncer.
Dans son édition du lundi 1er octobre 2012 (titrée "De quoi Mélenchon est-il le non?"), le quotidien Libération consacre un article à Jean Luc Mélenchon intitulé "Mélenchon, combien de divisions".
Certes, son auteur n'est pas Nicolas Demorand mais Lilan Alemagna, le premier signant un éditorial assez mielleux ( pour ne pas dire putacier) vis-à-vis de la manifestation du 30 septembre qu'il qualifie "d'utile aiguillon pour peser sur l'action du gouvernement". (Ces louages contrastent avec l'éditorial insultant de Serges July du 30 mai 2005 "Chef d'oeuvre masochiste après le vote majoritairement NON des Français au TCE.)
Se donner le bon rôle pour laisser à d'autres le soin de ferrailler sur Mélenchon, voici une tactique assez habile mais banale pour se couvrir ensuite de tout repproches.
Dans un premier temps, l'article en question rappelle le combat de Mélenchon pour le NON lors du référendum de 2005, positionnement assimilé à quasi acte de félonie puisqu'il aurait "désobéit à son parti" [le PS].
Mais c'est surtout dans le dernier paragraphe que l'auteur dévoile sa partialité en présentant Mélenchon en "diviseur" - et pour cela rien de mieux que de s'appuyer sur les propos "d'un ancien proche de Mélenchon" qui aurait estimé "qu'il faut rassembler la gauche. Pas la diviser". De qui ses propos sont-ils l'auteur? Mystère...
Ainsi, l'article embraie :
"Là est son problème, taper si fort sur les premier mois de la gauche au pouvoir s'avère également contre productif et lui fait petit à petit endosser un statut de diviseur que les électeurs de gauche récompensent rarement"
Qu'entendre par "taper si fort"?
L'article fait sans doute allusion à cet interview accordé par Mélenchon au JDD le 19 août dans lequel il qualifie de "cent jours pour presque rien" les premiers mois du gouvernement - bilan du reste argumenté dans le petit ouvrage "Où est le changement" publié par le Parti de Gauche :
- bras d'honneur aux smicards sitôt la majorité à l'Assemblée Nationale acquise,
-passivité face aux licenciements boursiers (PSA, SANOFI...)
Pourquoi taire un bilan qui n'est pas satisfaisant alors que Hollande poursuit la politique d'austérité de Sarkozy et trahit sa promesse du "changement c'est maintenant"?
Faudrait-il durant les premiers mois de la présidence Hollande prendre les vessies pour des lanternes et tant pis si la population paie au prix fort l'austérité décidée au mépris des engagements de campagne?
En donneur de leçon, Libération sait parler à la place des électeurs de gauche et décider de leur choix pour les prochaines élections tout en se montrant menaçant : "un statut de diviseur que les électeurs de gauche récompensent rarement"...
Ce petit monde journalistique semble oublier les conséquences sociales de prises de décisions qui vont aggraver la crise et la récession. Il faut dès à présent faire barrage à l'austérité car ce n'est pas une question de patience vis-à-vis des effets de l'action gouvernementale mais de l'orientation même adoptée.
Enfin, ce type d'article met en oeuvre un procédé sectaire et assez stalien selon lequel critiquer l'austérité mettrait en difficulté la gauche et servirait l'adversaire - c'est à dire la droite :
"Si la gauche échoue les premiers bénéficiaires seront l'autre opposition : la droite et l'extrème droite"
Une telle analyse est imputée à la direction du Parti Communiste bien qu'aucune citation ne soit rapportée.
Pour conclure un article consacrées "aux divisions" que causeraient Mélenchon, l'auteur se devait de mettre en porte-à-faux ce dernier avec le Parti communiste.
(Précisons que le terme d'opposition n'a jamais été employé par Mélenchon parlant plutôt "d'autonomie conquérante")
Le fait est que Hollande et Ayrault vont faire voter le traité Européen avec la droite - qui d'ailleurs reconnaît qu'il n'a pas été renégocié (VGE). La gauche politique, associative, syndicale est quasi unanimement CONTRE ce traité et la liste des organisations ayant appelé à manifester le 30 septembre s'est singulièrement allongée les derniers jours.
Qui divise alors??
Certes Demorand n'est pas l'auteur de l'article en question, mais sa partialité durant la campagne des primaires socialistes et son sens de l'autocratie vis-à-vis de ses équipes ont été pointées du doigt y compris en interne à Libération. Autant de louanges dans son édito ne sont pas gratuites...