Quand Hollande vire à droite
Est-ce une surprise au vu des des prises de position pro-rigueur et pro-Schroeder de lui et ses proches en 2011 lorsque voulant s'emparer de l'investiture socialiste à la présidentielle, il multiplia les déclarations visant à séduire la finance, le patronat et les chantres de la pensée unique ("donner sens à la rigueur", "travailler plus et plus longtemps"...) pour ensuite s'imposer comme l'incontournable à gauche pour battre Sarkozy?
Durant les présidentielles, il avait cependant dû, sous la pression du Front de Gauche et de son candidat Jean Luc Mélenchon, promettre aux Français le "changement maintenant" et se décrire en "ennemi" de la finance.
Jusqu'à présent, lorsqu'il s'agissait de trahir ses engagements de campagne, Hollande procédait surtout par enfummage et esquive : ratification du TSCG, poursuite des politiques d'austérité budgétaire, pacte de compétitivité, ANI... mais depuis sa récente conférence de presse, les jeux sont désormais clairs : pour Hollande, le modèle c'est Schroeder, son patron c'est le MEDEF et la finance.
Hollande n'a plus que le mot "compétitivité" à la bouche et il se montre désormais très explicite : davantage de profit pour les actionnaires, baisse du coup du travail (ie. moins de salaire pour les travailleurs). Hollande se targue de surpasser Sarkozy en la matière et de couper encore davantage dans les budgets publics. Poursuivre l'austérité sous couvert de "sérieux budgétaire" est-ce sérieux lorsque le pays s'enfonce dans la récession???
Pour Hollande, motus et bouche cousue sur le coût du capital, c'est à dire la ponction collossale que représentent les dividendes versées aux actionnaires (9% de la richesse nationale contre 3% en 1982) au détriment des salaires et de l'investissement productif.
Et ce n'est pas fini : Hollande prétend avoir obtenu de la commission européenne un répit de 2 ans pour réaliser l'objectif de toute manière irréalisable en période de récession de ramener le déficit public à 3% du PIB. En réalité, la France a capitulé à cette dernière en s'engageant : à faire travailler encore plus longtemps les salariés (réforme des retraites), à libéraliser le transport ferroviaire et l'énergie, à dynamiter les garanties sociales des travailleurs... Ces "réformes structurelles" étaient d'ailleurs déjà évoquées dans le TSCG...
A la manière de Sarkozy, le gouvernement utilise tout l'arsenal constitutionnel autoritaire de la Vème république pour imposer à la majorité parlementaire de gauche et au peuple la même politique que celui-ci. Hollande a-il été élu pour ça???
L'épisode de la loi d'amnistie sociale et de l'ANI montre que pour Hollande les députés de la majorité et l'aîle gauche du PS ne méritent rien de mieux que la caporalisation. Cela valide la stratégie du Front de Gauche : il n'y a rien à attendre de Hollande et de cette petite clique d'apparatchiks solfériniens roublards et autocrates et qui ne comprennent que le rapport de force.
A nous de poursuivre à tous les niveaux la mobilisation contre l'austérité, si massive le 5 mai (180 000 manifestants - Valls annonçant 30 000 manifestants est pitoyable), pour un renversement de ce régime autoritaire au service de la casse sociale. Voir les marches organisées localement début juin, la mobilisation pour défendre les retraites...